Prévention primale

  • Prévention primale
  • QUI, POURQUOI
  • Une éclaircie
    • La passion et la fin de l’ignorance
    • Mais des réticences tenaces!
    • Une observation révélatrice
    • Le nouvel éclairage
    • La synthèse
    • Trois types d'exemple
    • Notre tâche
  • La menace globale
    • A quoi joue notre espèce
    • Une thermodynamique du vivant
    • Mais chacun tient la clé !
    • Une économie massive
    • Un carcan culturel
    • Faire sauter ce carcan
  • Ouvrir une voie
    • Aux dédicataires
    • Les données de base
    • questionnement
  • Glossaire
  • bibliographie
  • Contact

English version

Le nouvel éclairage

Pour chacun d'entre nous, comprendre comment sa façon d'être au monde a été déterminée par les conditions de sa vie primale modifie singulièrement sa manière d'appréhender son expérience vécue au sens le plus large [23].

Représentez-vous d'abord un artiste peintre, dans son milieu, à l'âge qu'il a, avec son expérience, sa sensibilité, riche de toute la complexité de son histoire et de sa physiologie personnelles, en un lieu et à un moment où les circonstances présentes participent de son inspiration. Voyez-le à cet instant précis où il s'apprête à esquisser une œuvre nouvelle. Ce peintre n'endosse-t-il pas, dès ce temps zéro de sa première séance de travail, le rôle d'un environnement complexe qui va agir sur le matériau brut qu'est sa palette de pigments pour, au final, créer l’œuvre nouvelle ? C'est une évidence du même ordre qui s'impose aujourd'hui quand on veut comprendre la création d'un nouvel humain (comme celle du plus simple des organismes vivants d'ailleurs). A savoir que dès sa conception c'est un environnement complexe, agissant sur le matériau brut qu'est son héritage ADN, qui va le créer en tant qu'adulte. Un environnement à échelles de proximité multiples, de la plus large incluant l'histoire de ses géniteurs, leur culture et leurs interactions avec autrui et avec lui-même, jusqu'à la plus intime qui est celle des processus épigénétiques, transmetteurs ultimes de cet environnement complexe par leur action directe sur son ADN.

Quoi de mieux que notre acquisition du langage pour illustrer l’influence de cet environnement complexe ? Il est aujourd’hui bien établi que le rôle du patrimoine génétique dans l'élaboration de notre faculté langagière se limite au seul armement instinctuel qui nous permet, littéralement, de tirer un ou plusieurs langages de notre environnement phonique (ou gestuel, dans le cas d'une langue signée). Et de les tirer plus particulièrement de notre environnement primal lorsqu’il s’agit d’une – voire de plusieurs – langues dites maternelles [24]. Car ce qui distingue chacun de nous, en tant que locuteur d'une langue maternelle, de tous ceux qui ont découvert la [même] langue à l’âge adulte, voire seulement en tant que jeune écolier, c'est qu'il a été exposé dès la période primale de sa vie aux phonèmes (ou aux signes) qui la caractérisent. Et c'est pourquoi, dès qu'il a commencé à pratiquer sa langue maternelle, il l'a fait "sans accent" (autre que celui qu’avaient les émetteurs des phonèmes ou des signes de son environnement primal s'entend).

Depuis l’époque du tout génétique, dont le réductionnisme extrême fut illustré il y aura bientôt un demi-siècle par un ouvrage largement diffusé (Jacques Monod, Le hasard et la nécessité [25]), les résultats de la recherche expérimentale en biologie moléculaire ont progressivement dévoilé à quel point l’environnement du génome ajuste, dès le développement intra-matriciel du futur bébé, son devenir dans chacune de ses cellules. Cette influence se manifeste dès les toutes premières divisions et différenciations cellulaires lors de la formation des tissus et organes [26]. Un développement embryonnaire harmonieux est lui-même dépendant – à travers le placenta entre autres – d’une physiologie de la mère profondément tributaire d’un environnement social et affectif favorable (aucun stress soutenu; pratiques spontanées d’haptonomie). Une telle "révolution épigénétique" s’accompagne de la remise en question radicale d’une «dichotomie dépassée qui nourrissait le débat nature versus nurture» [27]. Une dichotomie selon laquelle, poussée à l'extrême, ou bien le devenir d’un organisme dépendrait de son patrimoine génétique (nature désignant ici les données héréditaires brutes), ou bien, de la cellule à l’organisme entier, il dépendrait de son environnement et des soins reçus (nurture désignant ici l'environnement humoral-tactile-affectif). Or, aussi bien nos gènes sont-ils tous constamment présents (même s'ils ne sont de loin pas tous constamment activés dans chaque cellule), aussi bien leur environnement respectif, variable dans le temps et propre à chaque cellule, est-il responsable à chaque instant et dans chacune d’elles du degré d’activation de chacun d’eux [28], [29]. En résumé, de proche en proche, de l’intérieur de chaque noyau cellulaire jusqu’à notre organisme lui-même et son action sur son milieu, l'environnement primal de chacun de nous aura largement déterminé ce il est devenu. Certes, notre environnement complexe reste impliqué notre vie durant dans nos fonctions physiologiques – dont en particulier celles de la mémoire et de l'immunité – mais de façon bien moins intense et décisive qu’au cours de la phase proprement explosive de notre tout début de vie. 

Concrètement, ce que Michel Odent, fondateur du Primal Health Research Centre à Londres, a appelé le cocktail d’hormones de l’amour constitue un environnement cellulaire – et indirectement génomique – idéal pour l’organisme en formation, plus particulièrement pendant sa période périnatale. Du fait de la persistance de certains marqueurs épigénétiques pendant toute la vie, cet environnement initial aura largement déterminé la santé, le développement et la personnalité de l'adulte [30].
La suite
Proudly powered by Weebly